Delayée neboli Rozpuštěná

Le temps était morose. Seule dans sa maison, à la chandelle en pleine journée, avec ses lettres à écrire, ses livres à lire, elle sentit le froid lui effleurer la peau, lui passer un doigt frêle du haut vers le bas du dos comme s’il décomptait les vertèbres, une par une. Il prenait du volume bleu, s’avérait monstrueux et menaçant. Elle frissonna.
C’est alors qu’elle appela sa domestique et lui demanda de lui préparer un bain à l’huile parfumée de vanille. Dans une bonne demi-heure plus tard la domestique arriva enfin pour l’aider à se déshabiller, pour la coiffer avec un bandeau de soie et pour la conduire dans la salle de bains enveloppée dans un peignoir mauve lavande.
Le bain luisait d’un liquide sirupeux jaune dégageant ce parfum envoûtant, alléchant, grisant, suscitant un désir brûlant même. Avant de se livrer aux vagues dorées elle alluma les bougies que la domestique avait disposées sur le rebord de la baignoire ayant laissé aussitôt sa maîtresse seule dans la pièce.
Peu à peu, tout doucement elle laissa son corps se faire embrasser par la mollesse huileuse. Celle-ci monta depuis les fentes entre les doigts de pied, en léchant délicatement les tibias, vers les cuisses hâlées et caressa gentiment son bas ventre, puis remonta lentement comme deux mains chaudes, faisant vibrer d’attente les côtes, vers les seins pour les soutenir avant de les englober et les ramollir enfin par son haleine adulatrice.
Elle respirait profondément, les yeux fermées, gémissant un peu, plongée jusqu’au visage dans le fluide vanillé réchauffant, choyant, berçant, ensoleillé.
La domestique vint à son appel et s’apprêta à faire ce qui lui était demandé. Elle plongea ses mains dans le bain et se mit à la laver, avec ses mains nues, sa peau contre la sienne, les deux radoucies par la chaleur mielleuse.
Au bout de quelques minutes il ne resta que le bandeau de soie à la surface encore un peu agitée du liquide voracement moelleux. Le corps hâlé de la maîtresse s’était dissout sous l’effet de ce plaisir huileux à la vanille.
La domestique vida la baignoire de ce liquide saturé, mit la salle de bains en ordre et quitta la maison en refermant à clé.